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Le cheval vigneron
(Percheron) :
Le retour du cheval de
trait dans des activités dont il avait le monopole au début du siècle
alimente quelques conversations.
Après la théorie, il faut passer à la pratique concrète.
C’est l’objet de ce reportage commenté.
Le trait Auxois est une
petite race qui est élevée principalement en Bourgogne.
Cette race a absorbé et pris la place des anciens chevaux
Bourguignons. Elle fait maintenant partie de la grande famille des
ardennais.
Elle est particulièrement bien gérée. Ce qui la rend très
attractive à l’observateur que je suis.
L’encadrement de cette race, en relation étroite et avec l’aide des
collectivités régionales, a créé un établissement central chargé tout à
la fois d’être le centre névralgique de la promotion de la race et un
lieu de concentration de différentes techniques modernes pratiquées dans
l’élevage du cheval de trait. Elle en assure la diffusion. Ces diverses
activités vous seront présentées dans les chapitres suivants.
* Le cheval de trait dans les vignes
:
Le Centre de Promotion du cheval de trait Auxois est passé au stade
des réalisation concrètes, avec la mise au travail du cheval de trait
dans les vignes.
C’est ce que Monsieur Dominique Léger, le dynamique Président du
Centre et moi même, sommes allés constater.
Nous nous sommes rendus dans la région de Beaune où nous avons tout
d’abord circulé parmi des noms prestigieux des vins de Bourgogne. La
réalité des étiquettes était tout au long du court chemin parcouru.
Nous avons rejoint, dans une vigne aux couleurs d’automne, un
entrepreneur de travaux agricoles qui travaille avec son cheval de
trait. Il est également constructeur/iùportateur de matériel spécialisé
vignes/cheval de trait et viticulteur lui même.
Une personne particulièrement intéressante
Une belle matinée ensoleillée, les vignes aux couleurs de l’automne
et un cheval de trait circulant dans les sillons.
Image détonante assurément, puisque le cheval utilisé n’était pas
un trait Auxois, enfant du terroir, mais un classique hongre Percheron.
Nous verrons pourquoi plus loin.
Ce tracteur vivant à quatre
sabots faisait le va et vient dans certains rangs de la vigne.
Derrière lui, il tractait un outil très particulier et parfois un
peu controversé une charrue sous-soleuse.
Vous étudierez attentivement mes photos, cet outil n’est pas à
proprement parler un outil moderne. Il a été bricolé à partir de pièces
récupérées sur des matériels anciens. Même le fabricant bricole.
L’appareil est une petite sous-soleuse. La profondeur d’action est
limitée. Le cheval ne semble pas peiner à tracter l’engin.
Il a par ailleurs pu souffler un peu, le temps de faire causette.
Et comme le sujet est passionnant, cela a duré.
L’usage de cette machine est controversé car il nécessite une
parfaite connaissance des diverses actions et de leurs conséquences.
Pour d'autres cultures, cet
outil est souvent mis en œuvre pour contrecarrer les effets tassant
causés par les passages répétés des lourds tracteurs.
Son utilisation est habituellement assez profonde. L’appareil
nécessite de la puissance pour être tracté, le tracteur devant être
capable de fournir l’effort nécessaire et de le transmettre
convenablement au sol.
Il est équipé d’un moteur puissant et il est alourdi pour éviter de
patiner.
Toutefois, la sous-soleuse n’est pas idéale pour corriger les
effets des tracteurs trop lourds.
En effet, cette machine agit en dessous de la couche habituellement
travaillée par les divers outils aratoires, sous l'épaisseur de nature
physique et chimique de la couche supérieure sur laquelle l’homme agit
depuis longtemps.
Il y a alors un risque de faire remonter des parties de terrains
impropres à la qualité de la couche arable nourricière.
Ici, le but de l’opération est de créer en quelque sorte une
ornière réceptrice de l’eau qui devrait geler cet hiver et fragmenter
l’entourage immédiat.
Souhaitons que les températures hivernales correspondent à cet
action.
Les rangées de vigne de
Bourgogne sont plantées très resserrées.
C’est trop étroit pour qu’un tracteur agricole puisse y circuler.
On fabrique des tracteurs
qui enjambent une rangée de ceps. Cela a deux conséquences
- Passage obligé des roues aux mêmes endroits.
- Augmentation du prix des tracteurs adaptés, fabriqués en petites
quantités.
Le cheval trouve presque exactement sa place en largeur pour
passer.
Les larges sabots du cheval de trait Auxois évitent tous risques de
tassement. Les sabots du Percheron sont plus étroits.
De l'utilité de choisir le cheval régional.
L'utilisation d'un outil à
traction hippomobile implique que le cheval se déplace d’une façon
précise. S’il devait dévier, il occasionnerait de graves dommages aux
pieds de vigne, qui engendrerait une perte de longue durée la
replantation nécessite plusieurs années avant de produire du raisin.
Vous avez certainement
remarqué l’obligation d’usage des deux mains par le laboureur afin de
maintenir et guider la machine.
Les longues rênes ne seraient pas opportunes ici. Elle seraient
même embarrassantes.
C'est pourquoi elles sont simplement posées sur l’épaule du
laboureur.
J’ai déjà vu la même situation mais avec les rênes autour de la
taille.
j’avais alors signalé au «démonstrateur» qu’il prenait un risque
considérable.
Le cheval le plus doux garde ses réflexes ataviques de proie. S’il
est surpris, sa solution spontanée sera de prendre la fuite. Le
laboureur attaché au cheval par les rênes devra suivre bon gré, mal gré,
en prenant ses jambes à son cou. Ou alors il sera traîné, y compris sous
la machine.
Ce qui effrayerait davantage son cheval qui accélérerait d'autant.
Prise de risque minorée par
la longue habitude du cheval et de son dresseur des réactions de l'un et
de l'autre et de la confiance qui s'instaure, fruit d'un long dressage.
Ensuite, il faut trouver la bonne façon d'avoir les longues rênes à
portée de main sans en être embarrassé et avec la prise de risques
minimum.
En effet, seul le dressage du cheval et l'apprentissage commun du couple
cheval/meneur assure la bonne exécution des manœuvres et l'anticipation
des incidents toujours possibles.
Les travaux suivants prévus seront le buttage des ceps à l’aide d’une
petite charrue à deux petits socs en opposition.
Le retour ou non du cheval dans les vignes s’accompagne de la prise
de conscience qu’un produit naturel dans sa culture et ses
transformations comme le vin nécessite des soins particuliers et le
retour à des procédés culturaux plus traditionnels.
Ceux-ci ont été abandonnés pour faire place à des pratiques où seul
la vigne avait le droit de croître. La végétation spontanée était
chimiquement combattue.
Ce qui est particulièrement contradictoire avec la production d’un
breuvage de très haute qualité, donc cher, qu’est le vin de Bourgogne,
peu en rapport avec le procédé naturel de la vinification.
Pendant toute sa «vie», le jus de raisin va faire l’objet de
modifications spontanées et naturelles, se transformant peu à peu en
fin, échangeant avec le bois d’usage plus ou moins récent du tonneau.
Il paraît logique et normal que la terre nourricière puisse se
prévaloir des mêmes soins naturels.
Le respect de la pousse spontanée va induire tout un processus
extrêmement complexe qui va mettre en jeu des moyens physiques comme
l’eau, la nature minérale, les végétaux et animaux en décomposition, la
vie microbienne, les insectes etc…
Et bien sûr, les chevaux de trait qui font partie intégrante du
décor. Ils entrent dans l’ensemble des opérations culturales qui
permettront l’épanouissement du produit noble qu’est le vin.
Centre de Promotion du Cheval de
Trait Auxois: Chemin de Courcelles, 21390 Bièrre-les-Semur
Tel / fax : 03.80.64.49.11
E mail :
centreauxois@wanadoo.fr
Site Internet :
http://www.centreauxois.com/
Equivinum, équipement et prestation
de labour à cheval.
Oroncio S.A.R.L. : 6A rue gassendi, 21700
Nuits-Saint-Georges.
contact@equivinum.fr
http://www.equivinum.com |